La Maison des Cultures ne représente, dans le PLU 2013, qu’un chapitre succinct dans la mesure où ce quartier a précédemment fait l’objet, début 2013, d’une enquête publique séparée. Nos objections portant essentiellement sur le stationnement et l’accessibilité de cet ensemble (cinémas, auditorium, médiathèque, café, etc.), nous n’y avons pas fait opposition mais nous réservons d’agir, en cas de besoin, sur le permis de construire lui-même.
Quelques éléments bons à savoir:
Lors de sa séance du 8 janvier 2013, le conseil municipal de Ferney-Voltaire a choisi parmi quatre projets celui qu’il souhaite édifier sur l’actuel parking du Bijou, au centre de Ferney. Le projet B, choisi par le jury, a été abandonné par le conseil municipal ! Composé et dirigé par le maire, le jury avait choisi le projet B. Contre toute attente, c’est le maire lui-même qui, lors du conseil municipal suivant, a fait pencher la balance pour le projet A (19 voix pour le projet A, 2 voix pour le projet B). Sans doute ce revirement – un de plus – explique-t-il le report de la décision municipale, initialement prévue en décembre mais décalée au dernier moment.
Le projet A, finalement proposé par le maire , a donc été retenu par le conseil municipal. Les raisons de cette volte-face ? Le coût d’abord (10,6 millions au lieu de 11,7 millions) mais aussi les recommandations de l’architecte des Bâtiments de France (le bâtiment est en co-visibilité de l’église, classée) et la faculté de bidouiller l’agencement intérieur et de le réaliser par phases successives.
Conséquences pour les riverains
Deux des façades présentées dans le projet A. La première correspond à la vie qu’on aura depuis l’église, la seconde depuis l’avenue du Bijou Pour les riverains de l’avenue du Bijou, le choix du projet A présente un avantage et un inconvénient. L’avantage est que ce bâtiment est, de tous les projets, le plus éloigné de tous. L’inconvénient, c’est qu’il comporte, face aux immeubles actuels de l’avenue du Bijou, une très grande esplanade, couverte mais en plein air, où de nombreuses personnes risquent de se retrouver jusque tard dans la nuit. Ce qui ne semble pas trop préoccuper Arnaud Berthier, élu chargé des « grands projets » et gourou de celui-ci. Lors de la discussion, n’a-t-il pas affirmé : «les riverains, c’est de l’ordre du détail» ?
Conséquences pour les usagers
Le parking souterrain du projet A et du projet B. Pour les usagers, plusieurs problèmes. D’abord, le parking souterrain ne compte que 102 places (contre 133 pour le projet B) et son accès est peu pratique. L’immense façade vitrée rendra difficile le chauffage, en hiver, et la réfrigération, en été. Sauf couteux entretien, elle se salira vite et de manière très visible, de l’intérieur comme de l’extérieur. La médiathèque ne verra guère la lumière du jour…
Conséquences pour les Ferneysiens
Pour les Ferneysiens, ce projet est, à première vue, un peu moins cher que son concurrent mais reste extrêmement onéreux (10, 6 millions, auxquels il faut ajouter 1 million pour les cheminements extérieurs et l’éventuel liaison avec le parking souterrain de Carrefour Market). De plus, on sait bien que, dans le Pays de Gex plus encore qu’ailleurs, le coût final d’une telle opération dépasse souvent de 50% le budget initial. Il y a donc peu de chances que le prix final soit inférieur à 15 millions. Certes, la mairie dit espérer différentes subventions (1 million de l’Etat pour la médiathèque, 1,5 million du Département et… 5 millions de l’Etat de Genève au titre des fonds structurels). Ce dernier point relève sans doute davantage de la méthode Coué que du simple réalisme. On ne voit guère Genève, dont les finances sont problématiques, débourser une telle somme. Et on voit moins encore les Genevois accepter de payer pour un cinéma, un auditorium et une médiathèque. Quant aux autres subventions, elles n’ont pas encore été sollicitées, ni les partenaires approchés. On ne pourra le faire, dit le maire, que lorsque le projet aura été définitivement choisi et sa programmation définie. En d’autres termes, on s’endette d’abord et on demande de l’aide ensuite. Au total, l’emprunt que devrait faire la commune pour réaliser la Maison de Cultures ne serait pas de 5 millions mais sans doute d’un peu plus du double ! En volume et en coût, la part la plus importante du projet revient au cinéma (8 salles). Initialement, c’est l’exploitant qui devait en financer la construction. Ce sera finalement la commune, en échange d’un loyer (lequel ?) et d’un bail emphytéotique de 99 ans… Pourtant, même ce gros cadeau ne garantira pas forcément la pérennité du cinéma. Au total, il comptera 1150 fauteuils, auxquels il convient d’ajouter les 200 fauteuils de l’auditorium. Même si certains des spectateurs viendront à pied ou à vélo, il est bien clair qu’une telle offre dépasse largement Ferney et nécessite donc un nombre conséquent de places de stationnement. On est loin du compte, malgré les propos rassurants du maire et de son gourou. Quant à David Marguin, le futur exploitant, il ferait bien d’y réfléchir à deux fois : la commune prendra en charge les pertes de l’auditorium, pas celles du cinéma.
En conclusion
Finalement, quel qu’ait été le projet retenu, les inquiétudes subsistent. Inquiétudes quant au financement. Inquiétudes quant au stationnement. Inquiétudes quant au positionnement de la Maison des Cultures et à ses accès. Inquiétudes quant à la programmation de l’auditorium (« chant et musique non amplifiée », a dit le maire ; sans doute pas de quoi remplir la salle et le planning…). Inquiétudes quant au fonctionnement (le chiffre de 5 emplois a été avancé, qui le croirait ?) Et inquiétudes pour le « détail » que constituent les riverains. « Nous allons nous concerter avec eux », dit le maire. A Ferney, hélas, on décide d’abord et on se concerte après. La preuve… Ni les riverains ni les associations telles que Ferney-dans-la-rue n’ont fait partie du jury. Eu égard à ce que le conseil a fait du choix de ce jury, ce n’était effectivement pas vraiment nécessaire. 9.1.2013
La position de Ferney-dans-la-rue
Malgré l’annulation du PLU, la mairie a donc décidé de maintenir son rythme, quitte à aller dans le mur. Les problèmes, largement évoqués, subsistent : 1. L’entrée principale est toujours située plein nord, sur l’avenue du Bijou exiguë et peu visible. La culture, enjeu essentiel de la cité de Voltaire, restera donc cachée derrière le très vilain supermarché Carrefour Market, sans accès direct et visible depuis l’Avenue Voltaire, large et très fréquentée. On voudrait condamner la culture et le cinéma à la faillite qu’on ne s’y prendrait pas autrement… 2. Le nouveau parking souterrain ne comptera qu’une centaine de places, équivalent en gros aux emplacements de surface que la maison des Cultures fera disparaître. Aucune réelle augmentation, l’usage du parking souterrain de Carrefour Market n’étant possible qu’aux heures de fermeture du magasin. Un nombre notoirement insuffisant au regard du fort accroissement des activités. 3. Les habitants des immeubles voisins, essentiellement sur l’avenue du Bijou, craignent à juste titre que l’insuffisance de parkings entraîne l’invasion de leurs propres places de stationnement et des espaces verts privés alentour. La mairie a certes prétendu que d’autres places seraient disponibles pour les usagers de la maison des Cultures. Une étude en prévoit jusqu’à la salle du Levant ! Personne ne peut croire qu’à la mauvaise saison, de nuit et sous la pluie, des spectateurs feront à pied le chemin menant de la salle du Levant à la maison des Cultures. Là encore, les conséquences seront fâcheuses : atteinte à la vie quotidienne des riverains ou menaces sur la fréquentation des spectacles. 4. Depuis le début, Ferney-dans-la-rue accepte et soutient la création d’un centre culturel en centre-ville mais préconise, en préalable, une redistribution des espaces du côté de l’avenue Voltaire. Si, au lieu d’être parallèle à l’avenue, le supermarché s’approchait à la perpendiculaire de l’avenue Voltaire, il y gagnerait une meilleure visibilité et une meilleure chalandise, tout en permettant l’implantation, sur l’avenue Voltaire également, d’autres espaces commerciaux avec, surtout, une galerie couverte permettant au public d’accéder directement à la maison des Cultures, édifiée au même endroit mais sur des plans différents. Des discussions sérieuses ont-elles été engagées avec Carrefour ? La Ville a-t-elle vraiment démontré l’intérêt réciproque d’un tel projet ? Carrefour aurait tout à gagner à une modernisation de ses surfaces de vente, surtout si cela ne lui coûte rien et n’interrompt pas son activité commerciale. Et la Ville aurait tout à gagner à permettre la visibilité et l’accès à la maison des Cultures depuis l’avenue Voltaire, axe central de la cité. 5. Interrogée à de multiples reprises, la municipalité a toujours démenti vouloir construire deux immeubles d’habitation entre la maison des Cultures et le revers de la Grand’rue. Des esquisses avaient circulé mais il n’a jamais été possible d’en avoir confirmation. Or, sur trois des quatre projets, on voit nettement l’implantation de ces deux immeubles.
Il est peu vraisemblable que les auteurs aient intégré ces immeubles si la mairie ne leur a pas soufflé l’information. Or, l’existence de ces immeubles empêchera à jamais toute extension de la maison des Cultures. La mairie planifie maintenant la livraison de la maison des Cultures à l’horizon 2015, c’est-à-dire après les prochaines élections municipales. Une façon peu élégante d’obliger l’équipe suivante à assumer des engagements financiers très importants, qui l’empêcheront à l’évidence de prévoir tout autre projet d’envergure. Même si la maison des Cultures doit voir le jour dans les délais annoncés par la mairie, encore faudrait-il qu’un jour ou l’autre, lorsque Carrefour aura accepté une négociation ou mis la clé sous la porte, il soit possible de rattraper la situation et de créer l’accès principal sur l’avenue Voltaire. Pour cela, il fallait absolument retenir un projet pour autant qu’il permettre, à terme, cette réorientation. Il apparaît que le projet retenu permettrait une telle évolution.